C’est un chef d’œuvre de l’art primitif flamand, un véritable monument de la peinture, merveilleux et infiniment précieux. Invisible pendant près de dix ans pour cause de restauration, l’Agneau mystique est enfin revenu chez lui, à la cathédrale Saint-Bavon de Gand. C’était en 2021 et, depuis, j’avais le souhait de programmer cette visite essentielle, rendue plus alléchante encore par l’ouverture d’un centre des visiteurs. Ce souhait enfin exaucé, voici 7 bonnes raisons de découvrir cet Agneau mystique, aussi unique que magnifique…
Datant officiellement de 1432, l’Agneau mystique en a connu des retouches en presque six siècles ! C’est précisément pour ôter le vernis jauni et les couches successives qu’une importante restauration a été entreprise en 2012.
1. Pour le formidable parcours de réalité augmentée
C’est la grande nouveauté de la visite, le vrai « plus » de l’Agneau mystique dans sa version 2021. Dans la crypte de la cathédrale Saint-Bavon, le nouveau centre des visiteurs permet de remonter le temps et de vivre l’histoire mouvementée de l’œuvre des frères Van Eyck… en neuf langues, dont le Français.
On enfile casque et lunettes high tech, et c’est parti pour un génial parcours mêlant éléments réels et hologrammes 3D. On se balade ainsi dans la crypte et, sur un arrière-plan bien réel, vient se superposer un autre monde, grâce à des images virtuelles bluffantes.
C’est Antonius Triest, ancien évêque de Gand, qui nous accueille et nous raconte la construction de la cathédrale, qui prend vie sous nos yeux médusés.
Grâce à la technologie de réalité augmentée, on entre aussi dans l’atelier de Jan Van Eyck, au moment où le maître réalise le portrait de Joos Vijd, commanditaire de l’Agneau mystique. On peut zoomer sur telle ou telle partie du retable, histoire d’avoir davantage de précisions. Et on s’oriente sans peine dans la crypte grâce aux flèches virtuelles qui indiquent le chemin…
Ah comme j’aurais aimé vous montrer quelques unes de ces images 3D… Malheureusement c’est impossible et vous devrez vous contenter d’images tristement réelles de la crypte. Mais si ce n’est pas mal non plus…
2. Pour la déambulation dans la crypte
Je viens de vous le dire. Le nouveau centre des visiteurs est implanté dans la crypte de la cathédrale Saint-Bavon et le parcours de réalité augmentée permet d’en faire le tour.
De chapelle en chapelle, on peut ainsi admirer ses éléments architecturaux et ses multiples trésors. Statues, maquette, chasses, livres précieux, vitraux, fresques s’offrent ainsi au regard, formant une sorte de « sous-couche » aux images virtuelles.
3. Pour la découverte de l’Agneau mystique, arrivé miraculeusement jusqu’à nous
Mais le point culminant, l’apothéose de la visite, c’est bien sûr l’Agneau mystique lui-même, un ensemble de panneaux de chêne décorés de scènes bibliques. Ainsi que de portraits (assez peu flatteurs, je trouve…) des commanditaires, Joos Vijd, échevin gantois, et son épouse Élisabeth Borluut. Une fois sorti de la crypte, on grimpe donc au deuxième étage, soit par un escalier, soit par l’ascenseur. Et après un court parcours (on passe notamment devant un Rubens) le voici enfin, au cœur de la chapelle du Sacrement !
L’Agneau mystique trône dans une semi-obscurité, au centre d’une impressionnante vitrine de sécurité, comme un bijou dans son écrin. Chef-d’œuvre absolu de l’art primitif flamand, c’est un diamant à multiples facettes, dont on n’a jamais fini d’admirer l’éclat…
Peint par les frères Van Eyck (d’abord Hubert puis Jan, après la mort de son frère), ce retable aurait bien pu ne jamais arriver jusqu’à nous, tant son histoire est tumultueuse ! Caché dans le clocher de la cathédrale au XVIe siècle (en pleine furie iconoclaste), emporté sur une vulgaire charrette par les troupes françaises pendant la Révolution, caché sous des lames de parquet pendant la Première Guerre, menacé par Hitler à la fin de la Seconde Guerre, volé, vendu, copié… c’est un miracle que l’Agneau mystique soit là, aujourd’hui, sous nos yeux.
4. Pour le face à face intimiste avec l’œuvre
Peut-être aurez-vous la chance d’avoir l’Agneau mystique pour vous tout seul pendant quelques secondes ou quelques minutes… Ce n’est pas complètement exclu. Ce qui est certain en tout cas, c’est que vous ne vous retrouverez pas au milieu d’une foule, jouant des coudes pour apercevoir l’œuvre des frères Van Eyck. Grâce au système de réservation en ligne et aux créneaux de visite proposés, le flux de visiteurs est parfaitement maîtrisé. Et les admirateurs de l’Agneau mystique ne sont jamais plus que quelques uns face à la vitrine de sécurité.
En tout petit comité, debout ou même assis face à l’œuvre, on peut donc vivre un moment d’intimité avec ce monument de la peinture et se laisser submerger par l’émotion, face à tant de beauté…
5. Pour l’éclairage de l’Agneau mystique, parfait pour mettre en valeur minutie du dessin et détails
Si l’Agneau mystique est unique, c’est aussi parce que les frères Van Eyck (et surtout Jan, qui a fait le plus gros du boulot) ont réalisé un travail super minutieux, portant l’art de la peinture à l’huile à son apogée.
Je n’ai pas réussi à vous faire un beau gros plan (j’ai fait comme j’ai pu 😔) mais regardez le panneau des anges chanteurs, en haut à gauche du retable, à côté de l’Adam nu. L’ange au premier plan, à gauche, porte sur son manteau une broche, ornée d’une pierre précieuse bleue. Sur cette pierre, on peut voir (si on a de bons yeux) la fenêtre de la chapelle Vijd, où se trouvait à l’origine le retable. Si ce n’est pas de la minutie, ça !
Et que dire de tous les symboles et détails cachés dans l’Agneau mystique ? Sur le panneau central, dans le groupe de martyres à droite, en rouge, cherchez saint Liévin, saint patron de Gand. Il tient une tenaille dans laquelle pend sa langue, qui lui a été arrachée par des païens…
6. Parce qu’on découvre l’œuvre telle qu’elle a été peinte il y a près de 600 ans
Datant officiellement de 1432, l’Agneau mystique en a connu des retouches en presque six siècles ! C’est précisément pour ôter le vernis jauni et les couches successives qu’une importante restauration a été entreprise en 2012. Neuf ans plus tard, c’est presque (disons à 90 %) l’œuvre originale des frères Van Eyck, qui est réapparue. Avec ses somptueuses couleurs et tout son éclat, presque comme baignée d’une lumière divine.
Mais ce n’est pas fini puisqu’une troisième phase de restauration est en cours depuis le printemps 2022, menée à l’atelier des Beaux-Arts de Gand. Elle porte sur les panneaux supérieurs et devrait durer encore trois ans… peut-être plus.
7. Pour l’ambiance de Noël, qui règne à la cathédrale Saint-Bavon
Je vais faire court sur le sujet. Juste quelques photos pour vous montrer la cathédrale Saint-Bavon dans ses habits de Noël. Une raison de plus de profiter de ces vacances pour filer à Gand et en prendre plein les yeux !
Et un resto en prime !
Puisque vous êtes toujours preneur d’une bonne petite adresse (et qu’il vous faudra bien manger si vous venez à Gand), voici un resto situé à deux pas de la cathédrale. Il s’agit de De Abt (qui se trouve Lange Kruisstraat 4, voir leur site également en français deabt.gent), un lieu chaleureux, à la fois typique et contemporain.
Mon conseil ? Le menu 100% à la bière Orval (44 €), composé de croquettes de fromage d’Orval, en entrée.
Suivi d’une fondante et réconfortante carbonnade de poulet à l’Orval, accompagnée de frites/mayo (bien belge, hein !) et d’une petite salade.
Et, pour finir, d’un délicieux sabayon à l’Orval, original et savoureux. Non, le verre n’était pas à moitié vide, j’avais déjà mangé la moitié quand j’ai pensé à faire la photo !
Le tout à accompagner, bien sûr, d’une bonne bière… Orval !
Mais si vous n’êtes pas très bière, il y a plein d’autres choses à la carte. Comme ces scampis en tempura (23 €) choisis en entrée par mon compère du jour.
Et ce waterzoï gantois (24 €), une spécialité 100% locale, à la fois pleine de saveurs et plutôt légère.
L’Agneau mystique de Gand en pratique
Cathédrale Saint-Bavon, Sint-Baafsplein, 9000 Gent (Gand).
Retable visible du lundi au samedi, de 10 h à 17 h (dernier créneau de visite à 16 h 30) et dimanche, de 13 h à 17 h (dernier créneau à 16 h 30).
La cathédrale est ouverte du lundi au samedi, de 8 h 30 à 17 h 30 et le dimanche, de 13 h à 17 h 30.
00 32 9 397 15 00
www.sintbaafskathedraal.be
Visite standard (40 ou 60 minutes) 16 €, visite enfants -12 ans 8 € et +12 ans 16 €, visite « Maître du détail » (40 ou 60 minutes) 16 €, accès au seul retable 12,50 €.
Réservations sur https://www.sintbaafskathedraal.be/en/buy-tickets/type-tour/
Visite accessible aux personnes à mobilité réduite, grâce à une rampe d’accès et un ascenseur.
Par ailleurs, des visites sur mesure ont été créées pour les personnes à mobilité réduite, les malentendants et les malvoyants.
La visite nous a été offerte par la cathédrale Saint-Bavon et l’office de tourisme. Merci à eux !
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