Vous le savez comme moi, la bière artisanale est le produit qui monte, qui monte ! Visites de micro-brasseries, rando bières, cours de dégustation et assises du tourisme brassicole, c’est toute une filière touristique qui se met en place dans les Hauts-de-France et c’est tant mieux ! Mais le nec plus ultra est bien sûr d’apprendre à faire sa bière soi-même. C’est ce que propose, depuis peu, l’atelier de la P’tite Zytho, à Godewaersvelde, un lieu très convivial où on brasse, en petit groupe, son tout premier jus. J’ai testé la formule de base avec un dynamique groupe de professionnels du tourisme. Testé, goûté et approuvé !
Avant les travaux pratiques, on a un peu bossé et on a surtout commencé par un petit cours théorique sur les grandes étapes pour faire sa bière…
À la base, Estelle Duchenne est chimiste. Chimiste, et petite-fille d’un Normand qui aimait à produire et déguster son cidre. Autant dire qu’elle avait quelques prédispositions à fabriquer de la bière. « J’ai fait pour la première fois de la bière il y a une dizaine d’années. Mais c’est une visite de la brasserie Thiriez, à Esquelbecq, qui m’a vraiment donné envie de m’y mettre », raconte-t-elle. Elle s’y est mise sérieusement il y a 4 ans… au point d’avoir envie d’en faire son nouveau métier.
Estelle n’a pas cherché très loin où installer son atelier de la P’tite Zytho. Derrière sa belle maison de Godewaersvelde, une ancienne étable n’attendait que cela, une nouvelle vocation… Après d’importants travaux, la voici transformée en atelier clair et fonctionnel, où je me suis tout de suite sentie très à l’aise. Une immense pièce où on brasse et on passe des moments très conviviaux…
Un peu de théorie pour commencer…
Bon, mais ne commençons pas par la fin… c’est-à-dire la dégustation. Avant les travaux pratiques, on a un peu bossé et on a surtout commencé par un petit cours théorique sur les grandes étapes pour faire sa bière. Méthodique et rigoureuse, Estelle ne conçoit pas un stage sans un minimum de pédagogie et elle a bien raison !
Du coup, elle a noté les grandes étapes du brassage sur un tableau noir, auquel on se référera souvent au cours de l’atelier…
Après cette petite intro théorique, place aux travaux pratiques pour le reste de la matinée. On a donc commencé par observer de près deux ingrédients de base de la bière : le malt et le houblon. Comme tout le monde autour de la table, j’ai goûté le malt plus ou moins torréfié et, franchement, j’adore !
La recette pour faire sa bière blonde
Pour faire sa bière, il faut commencer par concasser ce malt, histoire de bien l’ouvrir pour accéder au sucre. L’opération se fait avec un moulin à manivelle…
On obtient un grain moins fin que de la farine mais assez fin pour l’opération suivante, celle de l’empâtage, qui permet la transformation de l’amidon en sucre.
Pour faire sa bière, on verse donc le malt moulu (environ 5,2 kg) dans une vingtaine de litres d’eau, préalablement chauffée à environ 72°. Pour « l’infuser » sans le perdre dans la cuve, on le place dans un « sac à malt ». Restera à bien remuer pour mélanger les deux ingrédients… et c’est parti pour une heure d’empâtage, idéalement à 66°…
Une heure, entrecoupée quand même de quelques coups de cuillère, histoire d’avoir une bonne homogénéité.
Empâtage, rinçage puis ébullition…
Après une heure, on sort le « sac à malt » et on procède à un bon rinçage, avec 6 litres d’eau à 75° (c’est précis, hein ?). Ce rinçage permet de récupérer le sucre piégé dans les céréales, qui ressemblent désormais à une bouillie (aussi appelée drêches). Ce jus sucré sera ajouté au reste du liquide contenu dans la cuve.
Voici à présent le moment de porter la mixture à ébullition, mais pas avant d’avoir ajouté le premier des houblons. Ce houblon s’utilise en pellets ou en cônes, l’intéressant étant la lupuline contenue dans la fleur puisque c’est elle qui donne son amertume à la bière.
Houblons et levure pour faire sa bière
Pour sa blonde, Estelle ajoutera successivement trois houblons différents, le premier donnant l’amertume et les deux autres apportant les arômes. Je vous passe les noms car je ne pense pas que votre supérette préférée en vende… Mais sachez qu’il faut être très précis et peser au gramme près.
J’ai goûté le houblon en pellets, qui ressemble furieusement à des crottes d’écureuil… C’est super amer et pourtant Estelle affirme que c’est ce houblon qui apportera le petit goût de fruit exotique à la bière. Bizarre, bizarre…
Une grosse heure après le début de l’ébullition, il est temps de refroidir le moût, dont la température doit tomber autour de 20 à 25°. Pour cela, on utilise un serpentin, dans lequel circule de l’eau froide, qu’on plonge dans la cuve pendant une vingtaine de minutes.
Après ce refroidissement, on change de récipient pour continuer à faire sa bière. On fait couler le moût dans un contenant en plastique, appelé fermenteur. Estelle nous invite à goûter la mixture. Ni bon ni mauvais. Pas encore la saveur de la bière, juste celle du malt.
C’est à ce moment-là qu’on ajoute la levure, qui permettra la fermentation de la bière, c’est-à-dire la transformation du sucre en alcool. Une opération qui prendra environ un mois… et dont nous n’avons évidemment pas attendu la fin. Dommage car, un verre à la main et en si bonne compagnie, cela n’aurait pas été désagréable…
De l’alcool et des bulles
Estelle, qui travaille toujours sur plusieurs brassins à la fois, avait préparé un autre fermenteur, juste à point celui-ci pour la fin de notre atelier. Il ne restait plus qu’à y ajouter 105 grammes de glucose, délayé dans de l’eau, pour finir de faire sa bière. Du sucre qui permet la « carbonatation », à savoir la réaction chimique qui fait les bulles indispensables à une bonne bière. Mais pas avant de faire bouillir pour bien aseptiser.
Ceci étant fait, restait le plus réjouissant : bien rincer la bouteille et embouteiller… Avant de fermer la bouteille en mettant une capsule, grâce à une sympathique machine qui ressemble un peu à un presse-agrumes.
Voilà, il ne restait plus qu’à goûter aux bières d’Estelle… notamment.
L’atelier de la P’tite Zytho produit quatre bières différentes, toutes commercialisées à la maison d’hôtes Monts et Merveilles, à la même adresse.
Il y a une blonde équilibrée et légère (5,4°), une ambrée, une bière de saison et une bière au pain. Chacun aura sa préférée. Mais ce qui est sûr, c’est que la bouteille dont je suis la plus fière est celle que j’ai (en partie) fabriquée et qui porte une étiquette « Cuvée Anne ». Faire sa bière et la déguster, en bonne compagnie, c’est plus qu’un « plaisir minuscule » !
L’atelier de la P’tite Zytho en pratique
105 rue de Steenvoorde 59 270 Godewaersvelde.
06 30 13 42 72
laptitezytho@gmail.com
L’atelier décrit est celui d’une durée de 2 heures, avec découverte des différentes phases de brassage et des accords mets-bières. On repart avec une bouteille de 75 cl qu’on a embouteillée soi-même. Prix de l’atelier : 35 €.
À noter que l’atelier de deux heures étant trop court pour faire sa bière (il faut minimum 4 heures sur place), Estelle avait pris de l’avance…
D’autres formules d’une durée de 4 heures sont à découvrir sur le site.
Des stages sont possibles tous les jours, du mercredi au dimanche, à partir de quatre inscrits (groupe constitué ou individuels formant un groupe de quatre).
À découvrir aussi, la maison d’hôtes Monts et Merveilles, qui complète l’atelier de la P’tite Zytho, C’est par ici.
J’ai été invitée, avec des professionnels du tourisme, par L’atelier de la P’tite Zytho. Merci à elle !
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