Je ne m’y attendais pas forcément mais vous aimez (aussi) l’art contemporain. Pas autant que les pépites gastronomiques mais quand même… Ainsi le festival Beaufort, sur le littoral belge, a eu son petit succès sur Plus au nord. Du coup, aujourd’hui, je vous parle avec d’autant plus de plaisir de The Crystal Ship, à Ostende.Derrière ce nom intrigant se cache un festival de street art, qui modifie année après année le visage de la ville. Envie d’une balade à la mer, au grand air, lors d’une belle journée d’hiver ? Tentez The Crystal Shhip ! C’est même Covid compatible…
La grande galerie d’art à ciel ouvert s’étire du centre d’Ostende jusqu’à la périphérie, y compris sur la rive Est, en flamand Oosteroever, qu’on atteint avec un petit bac.
The Crystal Ship, c’est quoi ?
C’est un festival d’art urbain qui déroule ses fastes à Ostende, sur la côte belge. Et il paraît même que c’est le festival le plus important de ce genre en Europe !
Depuis 2016, chaque printemps, une vingtaine d’artistes belges et internationaux constellent la ville de peintures murales et d’installations. Ils produisent de grandes œuvres mais aussi de petites choses, comme autant de mini surprises à découvrir au hasard d’une balade à Ostende.
Hormis quelques exceptions, ces œuvres sont faites pour durer. Elles resteront dans l’espace public, un peu comme la collection permanente d’un musée, mais en ville.
Aujourd’hui, après plusieurs éditions, une grosse soixantaine d’œuvres monumentales s’affichent sur des maisons, des HLM, un ancien silo, des boîtes électriques et d’autres endroits parfois improbables.
The Crystal Ship, pourquoi ce nom bizarre ?
Non, il n’y a pas (encore) de vaisseau de cristal dans le port d’Ostende ! Ce nom de Crystal Ship a été donné par Björn Van Poucke, le conservateur, en référence au morceau des Doors. C’est vrai que c’est un peu décalé mais c’est tellement poétique ! J’adore, surtout pour une ville à la mer…
The Crystal Ship, à pied ou à vélo,
comment ça marche ?
La grande galerie d’art à ciel ouvert s’étire du centre d’Ostende à la périphérie, y compris sur la rive Est (l’Oosteroever) qu’on atteint avec un petit bac.
Pour y aller, ce n’est pas compliqué. On prend ce bac au pied de l’Aquarium de la mer du Nord, sur le quai (Visserskaai). Il est gratuit et l’emprunter donne tout de suite à cette balade un petit air d’aventure. Que j’adore, évidemment…
Jusqu’au 31 mars, il circule à partir de 7 h 45 (avec une pause de 12 h 40 à 13 h 30). Le dernier départ de l’Oosteroever est à 17 h 55.
Vous pouvez même embarquer votre vélo sur le bac, ce qui vous sera utile pour faire le grand tour proposé par The Crystal Ship.
L’office de tourisme a en effet concocté une balade à pied (11 km) et une autre à vélo (environ 30 km) pour découvrir le festival.
Vous trouverez ces parcours sur un plan super bien fait.
Il est disponible gratuitement à l’office de tourisme (Toerisme Oostende, Monacoplein 2). Jusqu’au 31 mars, il est ouvert tous les jours de 10 h à 17 h 30.
Voilà, je crois que vous avez tous les renseignements utiles pour bien organiser votre découverte de The Crystal Ship. Venons-en donc aux œuvres…
The Crystal Ship, mes œuvres préférées de 2021…
Add Fuel (Portugal)
’t Staketsel Kaïrostraat 86
Gros coup de cœur pour les carrelages en trompe-l’œil d’Add Fuel ! Avec leurs belles teintes bleues, ces motifs d’inspiration arabo-andalouse apportent douceur et humanité à un immeuble tout gris et drôlement triste ! Et l’artiste de rue portugais nous montre combien un doigt de street art peut changer le visage d’un quartier…
SozyOne (Belgique)
Angle Langestraat/Vlaanderenstraat
J’aime beaucoup cette œuvre en angle, située à quelques pas de la Maison James Ensor, récemment rénovée et agrandie. Rien d’étonnant donc si les figures et masques chers au peintre ostendais se retrouvent dans la fresque du Bruxellois SozyOne, dont le style inimitable est fait de couleurs qui « pètent ». On se prend ces visages grimaçants en pleine figure et cela n’aurait sans doute pas déplu à James Ensor…
Dzia (Belgique)
Parking P1 Station Zee Konterdamkaai 22
Vous aimez cette baleine, flottant sur la façade d’un parking derrière la gare d’Ostende ?
Perso, elle me plaît beaucoup, renforçant à la fois le côté marin de la cité et apportant une note onirique à ce sinistre mur en béton. Dzia avait déjà orné les murs de Shanghaï, Londres ou Tunis. Voilà l’artiste de rue belge qui déploie son street-art animalier à Ostende, au festival The Crystal Ship. Avec un joli talent, je trouve !
Sauna Aquarius Peter Benoitstraat 77
Kitsune (Belgique)
Encore une fresque murale signée The Crystal Ship que j’adore ! On la doit à la muraliste gantoise Kitsune, qui aime réaliser des portraits de femmes en mode XXL. Souvent dans des tons de rose, comme ces œuvres apposées sur 8 machines à laver Whirlpool, pour soutenir la lutte contre le cancer du sein. C’est doux, bienfaisant et ça apporte une poésie folle à cette rue un peu en retrait de l’hypercentre.
… et les autres
Langestraat 55
White Interiors, Roberto Ciredz (Italie)
Je l’avais déjà repéré au festival Rouen Impressionnée. Le voici parmi les artistes de The Crystal Ship, à Ostende. À quelques pas de la mer, il se sert de la façade d’un immense et triste immeuble comme d’une toile. Et y fait courir un paysage (marin ?) abstrait, dans un joli dégradé de bleus. N’hésitez pas à vous éloigner du bâtiment pour saisir toute l’esthétique de l’œuvre !
Langestraat 8
Toykyo (Belgique)
Derrière le pseudo de Toykyo, se cache non pas un artiste de rue mais un collectif, celui d’un studio de design gantois. Son style joyeux et coloré séduit, depuis une quinzaine d’années, des clients aussi prestigieux que Nike ou YouTube. Ici, dans la populaire Langestraat d’Ostende, c’est sur une haute façade de brique qu’il a mis sa touche « cartoon » et décalée. Perso, je n’aime pas plus que cela… mais mon avis n’engage que moi !
Tour de stationnement, Edith Cavellstraat
Inti (Chili)
Son talent est présent sur les murs de Paris, Beyrouth, Oslo, Honolulu et bien sûr Santiago. Voici l’artiste de rue chilien, influencé par le muralisme sud-américain, au festival The Crystal Ship d’Ostende. Avec une figure enfantine nimbée de lumière, comme un clin d’œil à ce pseudo d’Inti, qui est le nom du dieu du soleil dans la culture Inca.
Slachthuiskaai 23
Aryz (Espagne)
Quand on connaît la notoriété d’Aryz, véritable star du street art, on peut regretter la localisation de l’œuvre réalisée pour The Crystal Ship. Dans une rue improbable, un peu loin de tout. L’Espagnol, qui aime mettre en scène des animaux, a gratifié Ostende de singes ou d’hommes-singes, allez savoir. Avec ces couleurs surréalistes et cette ambiance science-fiction qui lui sont chères.
Mes œuvres favorites d’avant 2021…
Helen Bur
Hôtel de ville Vindictivelaan
Cette œuvre, créée en 2020 par la Britannique Helen Bur, est un hommage à l’un des Ostendais les plus célèbres. Il s’agit du chanteur Arno, enfant terrible du rock, qui a déclaré un cancer du pancréas l’an dernier. Aujourd’hui en rémission, l’artiste a été à la fois très touché et satisfait du résultat. Il est vrai que s’afficher ainsi sur un mur de l’hôtel de ville est un sacré honneur !
Leon Keer (Pays-Bas)
C Power Buskruitstraat
Ceux qui rêvent de découvrir cette fresque monumentale prendront le (petit) bac. L’œuvre du Néerlandais Leon Keer se trouve en effet sur l’Oosteroever ou rive est, qu’on atteint par l’eau… du moins en venant du centre-ville. Ce Delftois a mis en scène les typiques vases bleus et blancs. Du très traditionnel ? Pas vraiment puisque les motifs qui les décorent sont en quelque sorte des scénarios catastrophe… Sécheresse extrême, réchauffement climatique, tempête. Ce qui nous attend sans une vraie prise de conscience écologique…
Dourone
Aartshertoginnestraat 4A, au-dessus du commerce Morda
Cette œuvre monumentale est un peu la chouchoute de l’édition 2018 du festival, tant les médias en ont usé pour illustrer le dernier Crystal Ship. Il est vrai qu’elle est esthétique et également très bien placée sur une immense façade. Ce beau portrait de femme est l’œuvre de Dourone, un collectif constitué de Fabio, un Espagnol, et d’Élodie, une Française. Réalisé à partir d’une photo, ce visage veut évoquer la liberté, le respect et la diversité.
… Et les autres
Gaïa, Andrew Pisacane
Visserskaai, face à la mer
Un gilet de sauvetage et quelques fleurs. Gaïa, l’œuvre très colorée de l’artiste new-yorkais Andrew Pisacane, n’est guère compliquée à comprendre. Là, face à la mer, elle sonne comme un hommage à ceux qui ont perdu la vie en affrontant les flots. Simple et symbolique.
Anamorphose, Elian
Angle Sint-Niklaasstraat/Achturenplein
Regardez cette œuvre géométrique d’un côté puis regardez-la d’un autre point de vue. C’est fou comme les lignes se déforment ! En jouant avec la perspective, Élian a créé une anamorphose très réussie. La preuve que l’art peut aussi mener à la géométrie…À moins que cela soit le contraire.
Roa
Angle Hofstraat/ Platformstraat
Roa, un Belge né à Gand, fait partie du cercle très fermé des stars de l’art urbain. La preuve ? Récemment, lors de sa dernière expo à Londres, il a vendu l’ensemble des œuvres présentées en une demi-heure seulement. Leur prix ? 30 000 € ou plus !
La spécialité de Roa ? Les bestioles, ici présentées en tas. Il ne peint d’ailleurs que cela. Avec un immense talent puisque tout est parfait, les muscles, les poils, les organes. Fascinant…
Ben Slow
Sur Ostend Hotel, Londenstraat
Aimant représenter de jeunes couples « in love », le Britannique Ben Slow est un peu le peintre de l’amour ! Cette fois, il a immortalisé Jean et Jeanine, des Ostendais pur jus, mariés depuis 52 ans. Une autre façon d’ancrer The Crystal Ship dans la ville… Tellement romantique !
Et les installations miniatures
signées The Crystal Ship
Jaune, un peu partout dans la ville
Ce Bruxellois réalise de petits bonhommes au pochoir, de petits éboueurs fluorescents qui se baladent ça et là, notamment sur des boîtes électriques. Jaune a participé aux trois éditions de The Crystal Ship, autant dire que les organisateurs en sont fans. Moi aussi d’ailleurs !
Isaac Cordal, de ça, de là…
J’avais déjà bien aimé ses petites silhouettes humaines lors d’une précédente édition de Beaufort. L’Espagnol Isaac Cordal revient à Ostende, avec ses mini sculptures, souvent perchées sur un balcon. Des hommes d’affaires en costume qui téléphonent, marchent ou (vous) observent.
Plus d’info sur www.thecrystalship.org
J’ai été invitée par Toerisme Oostende à découvrir le festival.
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5 Commentaire(s)
Ostende est magique. Elle ne demande qu’à vous accueillir, vous étonner, vous régaler, vous décaler, vous apprendre le beau et la chaleur d’une ville-port.
Une ville-port pour s’échapper vers ailleurs, une ville à la mer pour profiter de l’immense plage et plein d’autres choses encore…
Si vous aimez Ostende et l’ambiance de la mer du Nord, je vous conseille vivement le film « Copacabana » de Marc Fitoussi sorti en 2010, avec Isabelle Huppert et sa fille Lolita Chammah, ainsi que Aura Atika.
C’est vrai que Copacabana donne une large place à Ostende. Mais pas forcément sous son meilleur jour je trouve. Mais ce n’est que mon avis…
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