C’est un petit bijou de ville et pourtant je ne vous en ai pas encore parlé ! À toujours vouloir évoquer des activités méconnues ou un brin originales, on passe parfois à côté de l’essentiel. Et dans les Hauts-de-France, quoi de plus essentiel que la belle Arras, tranquille, immuable et très attachée à ses traditions mais qui sait aussi vivre avec son temps ? Allez, on part découvrir la ville en mode gourmet, épicurien, amateur d’histoire, fan de nature ou juste en mode curieux. Et ça va être long…
À Arras, vous êtes plutôt Grand Place ou plutôt place des Héros ? Pour moi, pas d’hésitation, je préfère la seconde, la plus petite et la plus intime des deux.
1. En croquant un Rat d’Arras© en chocolat…
Cela n’étonnera pas ceux qui me connaissent. Dès mon arrivée à Arras, je me suis précipitée place des Héros, au numéro 50, pour acheter un sachet de Rat d’Arras© en chocolat.
Si dans la vraie vie j’ai une peur bleue des rats, j’adore ces petites bestioles composées d’un délicat feuilleté praliné, recouvert de chocolat. Diaboliquement fondantes, elles rappellent que le rat est l’emblème de la ville depuis le début du XIVe siècle. On en trouve même sur le toit de la cathédrale et sur celui de l’abbaye Saint-Vaast.
Si j’ai acheté mes Rats d’Arras© à la pâtisserie Thibaut, j’en ai vu aussi chez Jean Trogneux ainsi qu’à la chocolaterie Beussent Lachelle. Les trois boutiques se trouvant place des Héros, vous aurez vite fait de choisir votre préférée…
… ou un Cœur d’Arras à l’ancienne©
C’est l’autre spécialité sucrée de la capitale du Pas-de-Calais. Le Cœur d’Arras à l’ancienne©, un biscuit en pain d’épices et miel blanc, fabriqué depuis… le XVIIe !
Malgré sa jolie forme et sa fleur en fruits confits, j’ai trouvé cette douceur, uniquement fabriquée par la pâtisserie Thibaut (2 € pièce), sans grand relief. Peut-être aurais-je dû les tremper dans un café ? C’est mon avis et vous êtes bien sûr libre de penser autrement…
2. En savourant un Cœur dit d’Arras, en version fromage
Ce Cœur là, en revanche, j’adhère et j’adore ! C’est un excellent fromage à pâte molle et à croûte lavée, de la même famille que le maroilles. Lui aussi est fabriqué dans l’Avesnois. Mais, à la différence de son cousin, il est affiné dans les caves voûtées de la Citadelle d’Arras par la Finarde. Vous le trouverez le mercredi et le samedi matin, au marché d’Arras, place des Héros. Ou à Lille, à l’intérieur des Halles de Wazemmes. Mais toujours sur le stand de la Finarde (5,45 €). Selon vos goûts, demandez-le plutôt jeune et doux ou plutôt affiné et fort en bouche. Avec une bière artisanale et un bon pain, c’est divin !
3. En dégustant une bière à L’Arras’in
Tiens, en parlant de bière, voici ma plus jolie découverte, un secret que beaucoup d’habitants d’Arras n’ont pas encore découvert… Je veux parler de la micro-brasserie urbaine L’Arras’in, qui se prononce comme La Racine, d’où son étiquette. Ce lieu chaleureux a fait son apparition en novembre 2019 en pleine ville, juste derrière le beffroi, au 2 bis rue Désiré Bras.
On peut y déguster une bière, accueilli par Magali, et/ou y acheter quelques mousses à rapporter à la maison. C’est là aussi que Christophe brasse ses hectolitres de bière (350 espérés en 2021).
À côté des cinq bières artisanales permanentes, le brasseur sort tous les mois un jus éphémère… qui peut devenir saisonnier. Toujours selon l’inspiration du moment. Perso, j’ai dégusté une IPA Chicorée, avec une délicieuse amertume et un petit arrière-goût de café…
Envie de faire un apéro ou un petit dîner 100% arrageois ? Il paraît que la Blonde Café se marie à merveille avec le fromage Cœur d’Arras. Quant à la Schwarzbier, une bière assez légère avec un côté torréfié, elle a été lancée pour la Fête de l’Andouillette. Autant dire que les deux doivent joliment faire la paire. Je n’en parlerai pas dans ce post, mais sachez que l’andouillette est aussi une spécialité d’Arras. Vous savez désormais avec quel jus l’accompagner !
microbrasserie-larrasin.business.site
4. En entrant Au Bleu d’Arras
Vous aimerez… ou pas ces objets en porcelaine décorés de bleu cobalt, dit Bleu d’Arras. Mais quoi qu’il en soit, une visite à la boutique-atelier, au 32 place des Héros, fait partie des incontournables arrageois…
Le Bleu d’Arras existe depuis 1770, quand les quatre sœurs Delemer créent leur fabrique de porcelaine. Je vous passe les détails de l’histoire mais sachez que la tradition a bien failli se perdre. Cela faisait en effet 10 ans que l’ancien propriétaire cherchait un repreneur, quand Christelle Perrier, diplômée en art céramique, a eu vent de l’affaire.
Cette Bourguignonne mariée à un Béthunois n’a pas hésité longtemps. La nouvelle égérie du Bleu d’Arras, ce serait elle, toujours vêtue de bleu dans sa boutique ! Initiée pendant un an à ses secrets, elle a repris le flambeau, avec un enthousiasme qui fait plaisir à voir.
Sur une porcelaine blanche de Limoges, elle appose des fleurs et des motifs traditionnels « à la brindille », avant de la (re)cuire à 1300° dans son four.
Du coup, toute la vaisselle passe au micro-ondes comme au lave-vaisselle. La tradition sait aussi s’adapter…
5. En arpentant les places d’Arras, étourdissantes de beauté
Vous êtes plutôt Grand Place ou plutôt place des Héros ? Pour moi, pas d’hésitation, je préfère la seconde, la plus petite et la plus intime des deux. Quoi qu’il en soit, elles sont sublimes toutes les deux, avec leurs cent cinquante-cinq façades de style baroque flamand. Vous jureriez que ces belles dames à pignon à volutes sont là depuis des siècles ? Eh bien non ! Elles ont presqu’en totalité été démolies pendant la Première Guerre, avant d’être reconstruites à l’identique.
Bien sûr, la place des Héros, connue autrefois sous le nom de Petit Marché, a un avantage de poids. C’est la présence de l’hôtel de ville flanqué de son beffroi, que je trouve superbe.
Mais j’aime aussi les terrasses de café, les enseignes sculptées, les adresses gourmandes et le côté « maisons de poupée » des jolies façades flamandes.
À l’autre bout de la rue de la Taillerie, la Grand Place n’a pas ce même visage intime, immense et squattée par les voitures en son centre. Mais, dès la fin novembre, ce parking peu esthétique (mais bien pratique, avouons-le) disparait comme par magie, remplacé par le somptueux marché de Noël (LIRE ICI). Et alors là, le fabuleux écrin devient presque trop petit pour contenir toute cette féérie…
Heureusement, après les fêtes, quand le marché de Noël d’Arras s’en va, il reste la grande roue pour s’offrir une tranche de rêve, à plus de 30 mètres de haut…
Si la météo le permet, la grande roue fonctionne tous les jours, de 15 h à 20 h. Tarif 5 € adultes et 4 € enfants.
6. En grimpant tout en-haut du beffroi
Depuis 2015 et son titre de Monument préféré des Français, il est encore plus fier ! Avec ses 75 mètres de haut, le beffroi d’Arras trône sur la place des Héros, offrant une vue panoramique à qui ose monter jusqu’à sa première couronne. Une grimpette plutôt pépère puisqu’elle se fait en ascenseur, hormis les 43 dernières marches d’un escalier en colimaçon (plutôt raide, disons-le).
Bon, c’est vrai, sous l’horloge, on est encore loin du lion qui coiffe la tour et brandit le soleil de Louis XIV. Mais, à 55 mètres, quel plaisir de surplomber la place des Héros et d’avoir à ses pieds les jolies maisons flamandes, blotties les unes contre les autres, qui ont l’air d’être en pain d’épices…
Un quart de tour vers la gauche et on voit aussi la Grand Place et sa roue, immobile à cette heure-ci.
À l’opposé, le grand vaisseau de pierre blanche de l’abbaye Saint-Vaast, qui abrite notamment le musée des Beaux-Arts. Et, plus loin encore, le joli Pays d’Artois avec ses collines et sa verdoyante campagne.
Montée en passant par l’Office de tourisme, place des Héros. Ouvert du lundi au dimanche, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h. Tarif : 3,40 € adultes, 2, 30 € 6/18 ans et étudiants, gratuit – 5 ans.
7. En descendant dans les boves
Si vous décidez de faire la visite des boves, n’oubliez pas votre petite laine ! Car, à 12 mètres sous terre, la température ne dépasse pas les 10°, tandis que le taux d’humidité peut atteindre les 80%. Brrr… Une visite frisquette mais intéressante puisqu’elle permet de découvrir les premières carrières de craie, exploitées dès le IXe siècle.
Pendant environ 400 ans, on extrait ici la pierre calcaire servant à construire le premier rempart de la ville ainsi que d’autres édifices. Au XIIe, l’extraction s’arrête pour des raisons de sécurité (mais continuera au sud de la ville). On construit les maisons des deux places et il n’est pas question que le sous-sol s’effondre sous leurs pieds !
Dès lors, cet immense labyrinthe souterrain servira de caves et d’entrepôts aux commerçants des places mais aussi aux marchands voulant éviter les droits d’octroi. Pendant l’âge d’or arrageois, grain, vin et draperies sont stockées ici, transformant les boves en vraies cavernes d’Ali Baba !
Bien plus tard, pendant la Première Guerre mondiale, elles seront utilisées par les soldats du Commonwealth. C’était juste avant l’assaut de la célèbre bataille d’Arras et de touchants graffiti rappellent cette page d’histoire…
Une grosse vingtaine d’années plus tard, ce sont les Arrageois qui s’y réfugient pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale.
Descente en passant par l’office de tourisme, place des Héros. Tarif plein 5,60 €, tarif réduit 3,40 €.
8. En faisant un crochet par le musée des Beaux-Arts
Voilà plus de deux siècles que l’ancienne abbaye Saint-Vaast, désaffectée à la Révolution, abrite le musée des Beaux-Arts. Entre temps, il y a eu les dommages de la Première Guerre et la reconstruction à l’identique. Mais c’est toujours là, au fond de la belle cour d’honneur, que sont conservées les riches collections du musée.
Même si le sujet n’est pas follement « sexy », j’ai envie de vous dire un mot de l’exceptionnelle salle des Mays, qui abrite quinze toiles religieuses des XVIIe et début du XVIIIe. Parmi ces tableaux XXL, figurent sept Mays, offerts par la confrérie des orfèvres à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Avec une remise chaque année le 1er mai, d’où le nom de May.
Exposés d’abord à Notre-Dame et au Louvre, ces sept Mays sont désormais présentés à Arras, histoire de renflouer les collections après les destructions de la Grande Guerre. Les voici dans une salle dédiée, occupant tout un mur, immenses sous les hauts plafonds de l’abbaye Saint-Vaast.
Bien sûr, il y a beaucoup d’autres choses à voir aux Beaux-Arts d’Arras. Cette dalle funéraire du XIIe et cette Vierge à l’Enfant du XVe en sont deux exemples parmi tellement d’autres…
Musée des Beaux-Arts, 22 rue Paul Doumer, Arras
03 21 71 26 43
9. En arpentant la Citadelle, nouveau quartier d’Arras
On l’appelle la « Belle Inutile ». Pourquoi ? Parce que la Citadelle d’Arras n’a strictement jamais été assiégée. Tout juste a-t-elle consolidé la frontière nord du royaume, totalement dépourvue de défenses naturelles. Et a-t-elle permis de surveiller (on ne sait jamais !) la population locale, française depuis moins de 30 ans.
Construite entre 1668 et 1672 d’après les plans de Vauban, la Citadelle d’Arras n’en constitue pas moins un superbe exemple d’architecture militaire. Un ouvrage de forme octogonale composé de cinq bastions, une Porte royale, d’imposants bâtiments et une chapelle Saint-Louis de style baroque, avec des pignons à volutes qui rappellent les jolies maisons des deux places…
Démilitarisée et inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2008, la Citadelle d’Arras a connu une sacrée reconversion ces dernières années. Aujourd’hui, c’est carrément un nouveau quartier, où se trouvent à la fois le siège de la Communauté urbaine d’Arras, des entreprises, des logements et même la Finarde, affineur de fromages ! Mais c’est aussi un lieu de promenade, avec un Timescope pour les amateurs d’histoire…
Vrai poumon vert, le site comporte également un bois, parcouru de sentiers, entre terre, pierre et eau. On y trouve notamment le parcours d’accrobranche de Cit’Loisirs pour jouer les aventuriers.
Autre spot historique, caché dans le bois : le mur des Fusillés, qui rend hommage aux 218 membres de la Résistance exécutés entre 1941 et 1944, dans les fossés de la Citadelle. Le plus jeune avait 16 ans…
Quant à la place d’Armes, elle accueille chaque été le Main Square Festival, plus grand rendez-vous musical au nord de Paris. L’occasion pour la sage Arras de faire une teuf d’enfer sans gêner les voisins…
Cit’Loisirs, 06 38 62 96 83
10. En vous attablant à L’Anagram, sur la Grand Place
Voilà un moment que j’avais repéré sa façade chic et dépouillée, mais sans y entrer. C’est une journée à Arras en compagnie de mon amie Françoise, qui a été l’occasion de tester cette table que, d’instinct, je « sentais » bien. Bar à viandes, cuisine mijotée et mille propositions alléchantes à la carte, tout cela me tentait drôlement…
La déco est pile dans ce que j’aime, mêlant influences Art déco chic et inspirations contemporaines un poil jungle.
Côté assiette, ce n’est pas mal (du tout) non plus. En entrée, nous avons opté pour le copieux os à moëlle pour Françoise et une très bonne entrée thaï à base de crevettes pour moi (oublié de noter l’intitulé exact…).
En plat, délicieux ris de veau dans une sauce morilles (avec supplément) pour toutes les deux, avec une purée et une cocotte de légumes à partager… Et c’est tout… On s’est tant et si bien régalées qu’on n’a plus trouvé de place pour le dessert !
L’Anagram, 23 Grand Place Arras
03 91 19 00 98
Pour la formule du jour, entrée + plat 25 €, plat + dessert 24 €, entrée + plat + dessert 31 €.
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5 Commentaire(s)
Très bon article avec de superbes suggestions
Mille mercis Isabelle ! Je vous souhaite de bien profiter de ces idées d’activités…
Superbe rédactionnel et on va se transformer en guide grâce à votre article. A bientôt
Un grand merci Christine ! N’hésitez pas à jouer les guides… Bonne balade arrageoise
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