Sur la côte belge, Beaufort21 met l’art au grand air

Vous aimez la mer du Nord et ses immenses plages de sable fin ? Vous avez un petit goût pour l’art contemporain ? Si, en plus, vous aimez l’art de vivre à la belge, alors le festival Beaufort21 est pour vous ! Vingt œuvres dans dix communes côtières. Des artistes belges et étrangers. Des œuvres installées sur la plage, dans les dunes ou en ville. Voilà, en gros, le menu de cette septième édition, lancée fin mai et que j’ai parcourue en deux jours. Voici mon Top 6, un classement 100% personnel et subjectif…

Intrigante, ludique et plutôt sympathique, cette pieuvre résume à elle seule l’esprit de Beaufort21. De l’art pour tous, au grand air, à deux pas de la mer. Jolie philosophie, non ?

LA PANNE

Laure Prouvost (France)
Toucher pour vous embarquer à travers nos extrémités ❤️

C’est par elle que j’ai commencé la découverte de Beaufort21, un matin de grand soleil et de superbe lumière sur la plage. J’ai tout de suite aimé cette créature marine, que j’ai fait entrer, direct, dans le Top 6 de mes œuvres préférées.

Ses tentacules symbolisent-elles les manœuvres nécessaires à l’artiste française, immergée dans une Belgique multilingue, pour trouver son chemin entre différentes cultures ? Le livret explicatif nous donne cette piste.
Pour ma part, je me suis contentée de contempler cette drôle de bestiole, armée notamment d’une lampe et d’un téléscope à travers lequel on observe la mer. Intrigante, ludique et plutôt sympathique, cette pieuvre résume à elle seule l’esprit du festival Beaufort21. De l’art pour tous, au grand air, à deux pas de la mer. Jolie philosophie, non ?

Zone de plage près du monument Léopold 1^er, Léopold I Esplanade, La Panne
Arrêt du tram De Panne Esplanade.

Michael Rakowitz (USA)
Naufragé

Je vous mentirais si je disais qu’elle fait partie de mes préférées… Pourtant, j’aime assez l’idée de départ de Michael Rakowitz, en lien avec l’Opération Dynamo. L’Américain a invité la population locale à lui faire don d’un objet évoquant une douloureuse histoire de guerre. Comme pour mieux tourner la page et guérir enfin… L’ensemble de ces souvenirs ont été inclus dans ce Naufragé, qui deviendra peut-être à son tour, demain, une nouvelle épave.

Zone de plage en face de l’hôtel Escale, Zeedijk 73, La Panne
Arrêt du tram De Panne Centrum.

COXYDE-OOSTDUINKERKE

Heidi Voet (Belgique)
Nains blancs et supergiants ❤️

Voilà une œuvre dont j’ai beaucoup aimé l’esprit ! À chaque catégorie sociale, à chaque groupe, Heidi Voet associe une balle (de béton). Balle de golf pour l’homme d’affaires, ballon coloré pour les enfants jouant sur la plage, balle de basket, ballon de foot, boule de pétanque… J’adore cette idée à laquelle, je l’avoue, je n’avais jamais pensé. Et qui m’incite à classer Nains blancs et supergiants dans mon Top 6.

Tous ces ballons et balles, posés au milieu des dunes, sont du plus joli effet. Mais ne croyez pas qu’Heidi Voet se soit contentée de les éparpiller au hasard. Leur position correspond à celle des étoiles, le dernier jour de Beaufort (7 novembre), au-dessus de Coxyde.
Mais que sont nos catégories sociales et nos petites supériorités humaines à l’échelle du cosmos ? Poussière d’étoile sans doute…

Zone de dunes au bout de Goede Aardelaan, Coxyde (Koksijde)
Arrêt de tram Oostduinkerke Schipgat.

Els Dietvorst (Belgique)
Venteux

Venteux aurait pu figurer dans mon Top 6… si celui-ci avait comporté plus de 6 œuvres ! Vous l’avez compris, cet arbre solitaire m’a interpellée, plus encore sur ce ciel tourmenté.

S’inspirant des arbres courbés par le vent de la côte irlandaise, Els Dietvorst en a fabriqué un avec des morceaux de bois flotté, échoués sur la plage. Même si pour Beaufort21 elle l’a refait en bronze, l’arbre plié par le vent le rappelle : ici, c’est le littoral qui s’impose à l’homme et pas le contraire…

Zone de plage à Trumelet Faberstraat, Oostduinkerke
Arrêt de tram Oostduinkerke Bad.

NIEUPORT

Goshka Macuga (Pologne)
Module famille

Réalisée pour une expo à Varsovie, cette imposante sculpture en béton nous parle de famille. Mais dans cette Pologne où la famille est l’unique modèle en odeur de sainteté, on comprend vite que Goshka Macuga veut laisser s’exprimer des voix réprimées dans son pays. Celles de la communauté LGBTQIA+, des artistes qui critiquent le régime ou des opposants à l’avortement. L’art comme moyen de s’opposer et se faire entendre.

Paul Orban Promenade, au Mauritspark, Nieuport (Nieuwpoort)
Arrêt du tram Nieuwpoort Ysermonde.

Maarten Vanden Eynde (Belgique)
Identifier les progrès ❤️

Un bus de l’ancien bloc de l’Est, une voiture, une mobylette, un vélo, une radio… Rien que des inventions qui évoquent le progrès. Le progrès qui fait avancer le monde mais surtout le progrès qui maltraite. Comme Léopold II et sa détestable politique menée au Congo, qui a pourtant permis de financer bien des réalisations sur la côte. Comme ces géants du numérique, qui n’hésitent pas à jouer les esclavagistes et à faire bosser des enfants pour trouver du cobalt.

Mauvaises pratiques, affreuses conditions de travail, le progrès a sa face sombre, que dénonce l’œuvre de Maarten Vanden Eynde, également placée dans mon Top 6. Jusqu’à l’effondrement de la Tour du progrès ?

Sur la petite place, à côté de l’hôtel de ville, Marktplein 8, Nieuport (Nieuwpoort)
Arrêt du tram Nieuwpoort Stad.

MIDDELKERKE-WESTENDE

Oliver Laric  (Autriche)
Métamorphose ❤️

Est-ce mon œuvre préférée de cette édition du festival Beaufort21 ? La première place de mon Top 6 ? Peut-être bien ! J’adore en effet cette Métamorphose de l’Autrichien Oliver Laric, posée juste derrière le ruban blanc des cabines de plage. Et qui voit un crapaud se transformer en table (moi qui croyais qu’un crapaud se transformait forcément en prince charmant 😃), joli exemple de « morphing » comme l’aime l’artiste autrichien. Une Métamorphose mais aussi un travail sur la notion d’identité, qui montre que les frontières entre les êtres et les choses sont parfois plus poreuses qu’on croit…

Zone de dunes à la fin de Flandrialaan, Middelkerke
Arrêt du tram Westende Bad.

Raphaela Vogel (Allemagne)
Il existe en effet des récits de taille moyenne ❤️

Beaufort21 a décidément gâté la commune de Middelkerke/Westende ! En effet, outre Métamorphose d’Oliver Laric, il lui offre aussi l’œuvre de Raphaela Vogel. J’adore cette installation drôle et légère, ces deux girafes, perchées sur de vieux réfrigérateurs, en plein sur la plage. Non mais vous en avez vu souvent, vous, des girafes sur une plage ? Moi, c’est la première fois ! 

Évidemment, il y a plusieurs interprétations possibles.  Perso, je verrais cette taille moyenne (medium-sized) comme une sorte de juste milieu entre les grandes idéologies dépassées et les nouvelles convictions intimes. Vous savez, ces théories à la mode, comme ce « Changer le monde, en commençant par se changer soi-même ».
Ça c’est le côté « prise de tête » de l’art contemporain. Moi, je préfère largement regarder ces deux girafons et sourire…

Zone de plage au bout de Louis Logierlaan, Middelkerke
Arrêt du tram Middelkerke Krokodiel.

OSTENDE

Rosa Barba (Italie)
Pillage de la mer

En fonction du moment où vous découvrirez l’œuvre de Rosa Barba, vous la verrez de près… ou pas. C’est la marée qui décide, la nature qui impose sa volonté à l’homme. Face à cette toute puissance, ces sacs de sable (ou plutôt de béton coulé dans du textile) ne sont-ils pas dérisoires ? Que peut ce rempart imaginaire contre la montée du niveau de la mer ? Que peut-on face au réchauffement climatique et ses conséquences ? Des questions, des pistes de réflexion mais surtout une œuvre poétique et (presque) vivante.

Zone de plage à la fin de Vergeet-mij-nietjes-laan, Mariakerke
Arrêt de tram Mariakerke Bad.

Monokino (Belgique)
Fissures et émiettements

Deux des trois films seront visibles à partir du 9 juin.

De Grote Post, Hendrik Serruyslaan 18a, Ostende
Arrêt de tram Oostende Marie-Joséplein.

BREDENE

Nicolás Lamas (Pérou)
Territoires instables

Pas vraiment faciles à trouver, ces Territoires instables ! J’avoue que j’ai pas mal cherché… avant de trouver l’œuvre de Nicolás Lamas, baignée de verdure, au milieu d’une petite clairière.

Le Péruvien présente une carte de l’Europe mais à sa manière à lui. En représentant les pays par du vide et les mers par du plein, un peu comme un négatif. Une façon de rappeler que les mers et les océans couvrent environ 70% du globe et que leur rôle est primordial. Déjà parce que la moitié de l’oxygène qu’on respire y est fabriqué.

Park Paelsteenveld, Kapelstraat 76, Bredene
Arrêt du tram Bredene Renbaan.

On accède au parc en passant derrière le mini-golf Parasol. Ou alors, de la route (Kapelstraat), par une petite entrée juste en face du restaurant La Différence. 

Rossella Biscotti (Italie)
Échoué

Cette œuvre a été provisoirement retirée en raison d’un acte de vandalisme. Elle sera réinstallée dès que possible. 

Zone de plage, au poste de plage, Bredene
Arrêt du tram Bredene Renbaan.

DE HAAN-WENDUINE

Maen Florin (Belgique)
Benjamin ❤️

J’ai eu quelque peine à le trouver mais alors quelle jolie rencontre ! Benjamin, bien installé dans mon Top 6, est une drôle de créature, mi-enfant mi-petit âne. Il est assis là, dans un sous-bois, genoux repliés, sourcils froncés, mains ouvertes vers le ciel, complètement absent au monde.

Est-il puni, d’où ses oreilles d’âne ? Est-il en pleine méditation, comme le suggèrent ses paumes tournées vers le ciel ? Difficile à dire. Il émane en tout cas de lui un sentiment d’étrangeté, comme celui que j’éprouvais à la lecture de certains contes. Je l’ai découvert par un dimanche matin de grand soleil et notre rencontre m’a laissé un doux goût de merveilleux… 

Zone forestière en face du parc Leopold II, Le Coq (De Haan)
Arrêt du tram Wenduine Molen. 

Pour trouver facilement Benjamin, prenez comme point de repère la station de tram Wenduine Molen, repérable à son petit moulin en bois. De l’autre côté de la voie de tram et de la N34, empruntez la route qui part à droite (on y stationne de part et d’autre). De là, part un chemin macadamisé, que vous prendrez avant de tourner immédiatement à gauche. Quelques pas et il est là !

Jimmie Durham (USA)
Pensant à vous

Je n’ai pas vu cette œuvre, perchée tout en-haut d’un poteau et difficile à photographier.

Rond-point De Smet de Naeyerlaan 30, Le Coq (De Haan).

BLANKENBERGE

Marguerite Humeau (France)
Le Danseur V, un mammifère invoquant des esprits supérieurs

Ah qu’il est bien choisi, l’emplacement réservé à la Française Marguerite Humeau ! Plus Beaufort21 tu meurs, là sur la plage, avec vue sur la jetée du port et sur les dunes… J’adore cet endroit un peu à l’écart de la station de Blankenberge, surtout en fin de journée quand on se retrouve seul(e) au monde.

J’ignore la raison mais Le Danseur V m’enthousiasme moins. Ce mammifère spirituel, censé invoquer des esprits supérieurs, me met mal à l’aise, sans que je comprenne pourquoi. Après tout, c’est aussi cela l’art contemporain. On ressent les choses, on se fait happer par une œuvre… ou pas. 

Zone de plage Wenduinse Steenweg 15, Blankenberge
Arrêt de tram Wenduine Harendijke.

Timur Si-Qin (Allemagne)
Pardonner le changement

Présent avant tout en bord de mer,  Beaufort21 déploie aussi ses installations en ville, au cœur de certaines stations. C’est le cas de Pardonner le changement, une œuvre de Timur Si-Qin, plasticien d’origine allemande et mongolo-chinoise.

Là, devant l’église Saint-Roch, il présente une sculpture réalisée à partir de scanners en 3D d’arbres brûlés, lors du gigantesque incendie de 2017 en Californie. Son propos ? Plaider pour une autre relation à la nature, basée sur la réciprocité et inspirée de la spiritualité des cultures indigènes. À l’image de son projet New Peace, dont le logo orne l’une des branches. 

Albertstraat 1, Blankenberge
Arrêt de tram Blankenberge Station.

ZEEBRUGES

Sammy Baloji (République démocratique du Congo)
Et à ces vagues de la mer du Nord chuchotant des histoires englouties

Une caisse de Ward, savez-vous ce que c’est ? Je vous rassure, moi aussi je l’ignorais jusqu’à peu ! Il s’agit de l’ancêtre du terrarium moderne, une serre portable destinée au transport d’espèces exotiques, notamment en mer. 

L’une de ces caisses de Ward, remplie de plantes tropicales, a été installée sur la plage de Zeebruges par le Congolais Sammy Baloji. Une manière d’évoquer le rôle important joué par son pays lors des deux confits mondiaux et la présence de soldats congolais dans l’armée belge. Mais aussi de rappeler le recours à l’esclavagisme pour l’exploitation de matières premières. 

Au début de la Zeedijk, en face de l’ancien Hotel Palace, Zeebruges (Zeebrugge)
Arrêt de tram Zeebrugge Strandwijk.

Adrián Villar Rojas (Argentine)
De la série Brick Farm 

Je n’ai pas vu cette œuvre, constituée d’une trentaine de nids cachés à Zeebruges. Les emplacements exacts sont répertoriés sur une carte, disponible sur le site www.beaufort21.be et téléchargeable ICI

KNOKKE-HEIST

Ruben Bellinkx (Belgique)
Plonger, une proposition

Alors même que mon programme comportait le mot « conteneur », j’ai arpenté un moment la plage pour trouver cette œuvre, que je m’imaginais posée entre le sable et la mer. Erreur, grosse erreur puisqu’il fallait la chercher dans ce conteneur vitré, posé sur la digue. Argh…
Du coup, je vous donne la photo envoyée par Beaufort21. Au moins, vous ne ferez pas la même erreur que moi ! 

                   ©Beaufort

Conteneur, Zeedijk-Heist 264, Knokke-Heist.
Arrêt de tram Heist Heldenplein.

Jeremy Deller (Grande-Bretagne)
Demandez aux animaux et ils vous apprendront

Cette œuvre sera visible à partir du 23 juin prochain. 

Van Bunnenplein, Knokke-Heist
Arrêt de tram Knokke Zoutelaan.

Le festival Beaufort en pratique

Quand ?

Jusqu’au 7 novembre 2021, dans les dix communes côtières de la côte belge.

Tout sur www.beaufort21.be

Comment y aller ?

– On peut, bien sûr, y aller en voiture.

– Sinon, le tram est la solution idéale pour découvrir un maximum d’œuvres, tout en marchant un peu mais sans se casser la tête ! Chaque œuvre est située à proximité d’un arrêt de tram, ces infos se trouvant dans le guide du visiteur (et aussi ci-dessus, en note de mes petits textes).
Sinon, pour tout savoir sur le tram côtier (prix des billets, où les acheter, carte des arrêts…), rendez-vous sur  www.dekusttram.be/fr

– Pour ceux qui préfèrent le vélo, trois boucles cyclables sont téléchargeables gratuitement sur le site de Beaufort21 (avec les numéros des points nœuds en annexe). 

Si vous comptez arpenter à vélo la partie proche de la frontière, je vous conseille de vous munir de la carte de la véloroute de la côte ouest. Vous la trouverez dans les offices de tourisme de La Panne, Nieuport, Coxyde-Oostduinkerke et Furnes, au prix de 3 €.
Sinon, elle s’achète aussi dans la boutique en ligne, sur https://shop.westtoer.be/fr/produit/westkustfietsroute

Où trouver le guide du visiteur ?

Il est en vente au prix de 1 € dans tous les offices de tourisme de la côte.
On peut également le commander sur le site de Beaufort21, si on prépare sa visite à l’avance.

Enfin, il est également possible de le télécharger gratuitement (en échange de ses coordonnées) sur le site de Beaufort21, dans la rubrique Pratique ou un peu plus bas ICI.

Plus d’infos sur la côte ?

Sur le site www.lelittoral.be/fr

Vous y trouverez un agenda, un baromètre de fréquentation (très utile en ces temps de fin de Covid), le temps qu’il fait à la côte (grâce à des web cam qui donnent des images en direct), des adresses pour manger et/ou dormir, mais aussi de chouettes articles de blogueurs qui racontent leurs découvertes (pour les trouver, allez dans la rubrique Recherche, en-haut dans le bandeau bleu, et taper Blogueurs)…

Envie de partager vos images ?

Utilisez le hashtag #beaufort21 !

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