De Beauvais, vous ne connaissez que son aéroport low cost ? Erreur, grave erreur ! Car même si la ville a été très endommagée pendant la Seconde Guerre, il y a plein de choses intéressantes à voir. La Preuve ? Elle a obtenu le convoité label de « Ville d’art et d’histoire ». Allez, je vous emmène dans trois sites exceptionnels et… gratuits ! Mais il y en a plein d’autres…
Il ne vous évoque rien ce Thomas Couture ? C’est un peu normal ! Pourtant, l’un des élèves de Couture s’appelle… Manet ! Ah, je vois que vous le situez tout de suite mieux…
La cathédrale Saint-Pierre
Si Beauvais n’est connue que pour un seul monument, c’est bien celui-ci. La merveilleuse cathédrale gothique, joliment ouverte sur la ville, dont la construction a commencé en 1225. Ses dimensions sont impressionnantes, tandis que sa façade immaculée est habillée de fines sculptures, belles comme des dentelles de pierre.
De près ou de loin, ne cherchez ni flèche ni tour sur la cathédrale de Beauvais. Elle s’est écroulée quelques années après sa construction et Saint-Pierre, jamais vraiment terminé, ressemble depuis à un immense navire sans mât.
Mais il y a tout de même un élément qui impressionne, et comment, c’est le choeur du XIIIe siècle. Ses voûtes, les plus élevées du monde gothique, culminent à 48 mètres de haut. Quand on lève les yeux, on a une impression d’immensité, presque de vertige… Un peu comme si on était happé par le ciel !
Ne ratez pas l’horloge astronomique
L’autre chose à ne pas manquer, c’est l’horloge astronomique. Elle a été construite au XIXe par Auguste-Lucien Vérité, un célèbre maître horloger, qui est aussi un enfant de Beauvais. Sur le cadran central, un Christ en majesté est entouré des douze apôtres.
Un son et lumière donné plusieurs fois par jour permet de mieux découvrir ce joyau, « habité » par 68 automates. Mais celui-ci est payant…
Superbes vitraux
Egalement très beaux vitraux. Il en reste quelques uns des origines de la cathédrale, les autres datant des XIVe, XVIe ou XXe siècles. Une vraie histoire du vitrail !
J’aime beaucoup celui de la chapelle Saint-Léonard, réalisé en 1986. Son petit plus ? Il contient deux fragments anciens représentant des chanoines. Comme il s’agit d’un gisant, celui de gauche aurait normalement dû être couché. Pourtant, il est présenté debout. Etonnant !
Le Mudo de Beauvais
Réouvert au public début 2015, c’est fou ce que le Mudo de Beauvais fait penser à un château Renaissance ! Normal, le Musée de l’Oise est installé dans le palais des évêques-comtes de Beauvais, construit au XVIe siècle. Blancheur immaculée, ornementations, encadrement des fenêtres, tout fait penser aux châteaux de la Loire, édifiés à la même époque.
En 2020, si tout va bien, le deuxième étage du musée sera consacré au XXe siècle, entre Symbolisme, Art Nouveau et Art déco (autant dire que j’ai hâte !).
Mais en attendant, c’est le XIXe qui est mis à l’honneur, entre arts décoratifs, art religieux et peinture, avec un focus particulier sur le thème du paysage.
À propos des collections
Pour être honnête, si j’aime beaucoup l’intérieur somptueux de l’ancien palais de Beauvais, je ne garde pas un souvenir ébloui des collections de peinture.
Oui, c’est vrai, on trouve des Corot, Sisley et Ingres, en guise de locomotives.
Arrêtez-vous devant Moret, le chantier naval à Matrat d’Alfred Sisley. Admirez la délicate palette de verts utilisée par cet amoureux des paysages. Et observez la lumière, si chère aux Impressionnistes.
©RMN-Grand Palais (MUDO – Musée de l’Oise/René Gabriel Ojéda
Faites aussi une pause devant Paris, le Vieux Pont Saint-Michel de J.-B. Corot, peintre qui a donné ses vraies lettres de noblesse au paysage. Non, le sujet n’est pas la cathédrale Notre-Dame. C’est le pont, son reflet dans l’eau et l’ensemble des éléments environnants. Et c’est bien là , la nouveauté de l’époque. Le paysage devient le sujet principal et pas juste un décor ou un prétexte.
©RMN-Grand Palais (MUDO – Musée de l’Oise) Hervé Lewandowski
Mais à part les illustres signatures de Corot, Sisley et Ingres, pas de noms aptes à déplacer les foules ! Ce qui ne signifie pas que tout coup de coeur soit impossible, ni qu’on n’ait pas de plaisir à découvrir des artistes plutôt méconnus.
J’ai par exemple beaucoup aimé Le retour du grognard de Paul Huet, son incroyable ciel couleur de plomb, les subtiles couleurs de la lande et la désolation qui émane de l’ensemble.
©RMN-Grand Palais (MUDO – Musée de l’Oise/ Thierry Ollivier
Petit coup de coeur aussi pour cette Vue du Nil de Basse Egypte de Prosper Marilhat. Inspiration orientaliste, délicatesse des petits nuages roses, élégant reflet des bâtiments dans l’eau… C’est le paysage poussé à l’extrême, presqu’une photo de cette réalité que le peintre a observée et reproduite. Son but ? Faire rêver la vieille Europe et célébrer le voyage !
©RMN-Grand Palais (MUDO – Musée de l’Oise/ Adrien Didierjean
Mais l’oeuvre majeure est sans doute L’enrôlement des volontaires de 1792, fresque inachevée de Thomas Couture, qui happe littéralement le visiteur. Il ne vous évoque rien ce Thomas Couture ? C’est un peu normal ! Pourtant, l’un des élèves de Couture s’appelle… Manet ! Ah, je vois que vous le situez tout de suite mieux…
Fougue et romantisme se dégagent de cet immense tableau, dans lequel on a presque l’impression d’entrer de plain pied.
Et si vous hésitez encore à faire un tour au Mudo de Beauvais, en vous demandant si vous y trouverez votre intérêt, je vous donne un argument imparable : c’est gra-tuit !
Autour de l’avenue Victor-Hugo
Je ne vais pas vous étonner mais ce que je préfère à Beauvais, ce sont les céramiques. L’avenue Victor-Hugo est ainsi un véritable musée, avec ses maisons construites entre 1890 et 1910, en pleine Belle Epoque ! Sur les façades, des chardons, des tournesols mais aussi tout un bestiaire, entre escargots et salamandres, l’animal symbole de la ville.
Au 63, rue de Calais à Beauvais, il ne faut pas manquer la façade de la Maison Gréber, vestige de la manufacture de céramique fondée en 1866. Quatre générations d’artistes se sont succédé, dont Charles Gréber qui s’est largement inspiré de l’Art Nouveau pour ses céramiques architecturales.
Avant de rentrer, faites un dernier arrêt rue Léon Zeude, devant l’ancienne devanture d’une charcuterie décorée de grès flammés, également par Charles Gréber. « Instagramable » au possible !
En pratique
Office de tourisme
1 rue Beauregard, Beauvais.
Tél. 03 44 15 30 30.
www.visitbeauvais.fr
Où voir de la céramique dans le centre-ville ?
Un plan recensant les plus jolies façades dans le centre se trouve à la fin du petit livret « Laissez-vous conter la céramique ». Disponible à l’office de tourisme. Gratuit.
Mudo
1, rue du Musée, Beauvais.
Tél. 03 44 10 40 50.
http://mudo.oise.fr
Entrée libre
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 11 h à 18 h.
Cathédrale Saint-Pierre
Rue Saint-Pierre, Beauvais.
Tél. 03 44 48 11 60.
www.cathedrale-beauvais.fr
Ouverte de 10 h à 12 h 15 et de 14 h à 17 h 15 (de 10 h à 18 h 15 du 1er avril au 30 septembre).
Entrée gratuite.
Location d’audioguides, 3 € adultes, 2 € -25 ans, 1 € -16 ans.
Horloge astronomique
Son et lumière de 35 minutes, toute l’année, autour des horloges de la cathédrale.
A 10 h 30, 11 h 30, 14 h 30, 15 h 30 et 16 h 30 (à partir du 1er avril, également à 12 h 30 et 13 h 30).
5 € adultes, 3 € -25 ans, 1,50 € -16 ans.
J’ai été invitée par Oise Tourisme.
Découvrez aussi la Salamandre, une jolie adresse où poser sa valise à Beauvais.
2 Commentaire(s)
Merci Anne
Quel belle présentation.
Ce qui m’a beaucoup remuée, c’est le cheval fourbu du Grognard.
À bientôt
Merci de votre fidélité Christiane, là-bas, à l’autre bout du monde ! Je vous embrasse virtuellement