Voilà des siècles que je voulais aller déjeuner au Bloempot à Lille. Un bon cadeau offert par des amis m’en a donné l’occasion. Curieuse de voir ce que Florent Ladeyn mijote (avec Kevin Rolland) dans son resto de Lille, même s’il ne doit pas y être souvent. Il est vrai que l’homme est déjà bien occupé dans son étoilée Auberge du Vert Mont à Boeschèpe. Je l’avais rencontré au temps de Top Chef (rappelez-vous, il était finaliste en 2013) et j’avais bien aimé le bonhomme et sa philosophie de derrière les fourneaux…
C’est tout cela qui plaît au bobo lillois, pour qui ce Bloempot est le top de la branchitude ! Sans compter qu’il s’est parfois débarrassé de sa voiture, pour faire un peu son Parisien. Du coup, une cantine flamande, à quelques rues à pied de son loft, c’est top, non ?
Si je n’étais jamais, jusque là, allée manger au Bloempot, c’est parce qu’y obtenir une table n’est pas facile. Techniquement si, c’est simple. Il suffit d’aller sur le site et de cliquer sur le bouton Réserver, qui amène au calendrier. Ce qui est plus compliqué, ce sont les délais. Sauf miracle (comme il y a des désistements, les miracles sont toujours possibles), ne vous attendez pas à réserver une table pour ce soir, demain ou la semaine prochaine, juste parce que des amis vous ont dit « Tiens, on n’irait pas manger au Bloempot ? ».
Il faut s’y prendre à l’avance, souvent un mois avant, surtout si on souhaite une table le soir et à plus forte raison le vendredi soir.
Mais pourquoi le carnet de réservations du Bloempot est-il donc aussi blindé ? Parce que c’est bon, bien sûr. Parce que la formule du midi est vraiment intéressante. Mais aussi parce que c’est tendance, à la mode, branché, appelez cela comme vous voulez. Le Bloempot est situé dans le Vieux-Lille et le bobo du Vieux-Lille (mais aussi d’ailleurs) aime à s’encanailler dans des endroits qui le dépaysent.
Or cette « cantine flamande » est vraiment dépaysante pour lui. C’est une cantine, avec ses horaires imposés, du moins à l’heure du déjeuner. Tu as le choix entre 12 h et 13 h 15, c’est comme cela et pas autrement. Comme à la vraie cantine, en tout cas du temps où j’étais jeune.
Ah oui, c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai tardé à le tester. 12 h, c’était toujours trop tôt, du temps où j’avais un boulot salarié. Et 13 h 15, c’était un peu tard. Je courais le grave risque de mourir de faim. Et aussi celui de n’avoir pas assez de temps pour déjeuner tranquillement et refaire le monde avec mon « codéjeuneur » (oui, oui, je viens d’inventer le mot) du jour.
C’est une cantine aussi, qui impose un menu du jour, même s’il est toujours possible de demander un aménagement. Le serveur le propose d’ailleurs avec le sourire.
En plus d’être une cantine, c’est une cantine flamande. C’est à dire authentique, « roots », brute. Une salle de resto comme un hangar aménagé, avec son mur en brique, ses poutrelles métalliques, ses tables en bois brut (sans nappe, sans sets) et son sol en larges planches.
C’est tout cela qui plaît au bobo lillois, pour qui ce Bloempot est le top de la branchitude !
Sans compter qu’il s’est parfois débarrassé de sa voiture, pour faire un peu son Parisien. Du coup, une cantine flamande, à quelques rues à pied de son loft, c’est top, non ?
Bon, j’arrête mes méchancetés sur les bobos. D’autant qu’à ma façon, j’en fais sans doute partie. Je voulais juste essayer d’expliquer pourquoi il faut s’organiser à ce point pour dégoter une table au Bloempot.
Revenons-en à nos moutons. J’avais donc réservé pour un midi, à 13 h 15, car j’ai horreur qu’on me presse pour libérer la table. Il faisait bigrement froid ce jour-là et le menu avait (aussi) pour but de réconforter le chaland à moitié frigorifié.
En entrée, il y avait une soupe pommes de terre, endives fumées, oeuf poché, cubes de jambon et émulsion de lard. Une vraie petite tuerie. Odile, ma filleule qui m’accompagnait, en aurait d’ailleurs bien demandé un deuxième bol… si elle n’était pas bien élevée. Elle a adoré et moi aussi
En plat, c’était un effiloché de boeuf, jus comme une carbonade, avec un céleri en trois déclinaisons, chips, pickles et cuit. Rien à redire sur la qualité de ce plat bien mijoté, bien d’ici et revigorant. J’ai juste trouvé qu’il avait un petit goût de trop peu. Une portion bobo plus que bon flamand, revenant affamé des champs… Critique gastronomique en herbe ou juste habituée à très bien manger chez elle (sa maman est un cordon bleu), Odile m’a dit quelque chose du genre «C’est bon mais un peu trop peu ». Et pourtant, elle n’a pas l’appétit d’un Flamand qui revient des champs…
En dessert, c’était une glace kiwi du Mont des Cats, yaourt et persil. Drôle d’idée que de servir une glace quand la température est négative dehors, non ? Le sympathique serveur a précisé (sans doute pour ceux qui croient que les fraises poussent en février) que la période n’est pas très propice aux fruits. C’est vrai (je ne vous l’ai pas encore dit) que la maison ne sert que des produits de saison. Mais aussi des « produits issus de l’agriculture biologique, bio-dynamique ou sauvage, paysanne, indépendante et vertueuse », comme l’annonce un panneau sur le mur.
Cette glace au kiwi ne me branchait pas plus que cela. Mais je l’ai quand même prise, histoire de voir, de bout en bout, ce qu’était un menu type au Bloempot. En effet, ce n’était pas le dessert du siècle, même si le yaourt était vraiment excelllent, velouté, crémeux, une petite merveille.
Ah oui, j’oubliais de dire que le serveur m’avait conseillé un verre de Gamay et Pinot noir des côtes d’Auvergne pour accompagner ce repas. Ne connaissant pas, j’ai suivi son conseil et j’ai fait une jolie découverte.
Malgré quelques bémols donc, la formule midi à 25 € (entrée, plat, dessert et boisson) du Bloempot est une très bonne affaire. Surtout si on vient ici comme à la cantine, c’est à dire pour manger plutôt vite.
Il faudrait revenir un soir, quand les menus proposés sont nettement plus chers (40 et 60 €, 60 et 90 € avec accord) et donc forcément plus travaillés. Mais tant qu’à faire, je préfère retourner à Boeschèpe, où j’avais fait une très jolie expérience gustative. Là-bas, au sommet d’un mont, c’est le vrai dépaysement, outre la folle créativité du chef.
Et moi, en plus, j’ai une voiture !
Le Bloempot en pratique
22 rue des Bouchers, Lille.
Ouvert le mardi de 12 h à 14 h, du mercredi au samedi de 12 à 14 h et de 19 h à 21 h, fermé le dimanche et le lundi.
Formule midi 25 €.
Soir, menu à 40 € (60 € avec accord boisson) et à 60 € (90 € avec accord).
www.bloempot.fr
Le bon-cadeau pour deux m’a été offert par des amis.
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