Gerberoy, vous connaissez ? Bourré de charme, ce village aux confins de l’Oise, classé parmi les « Plus Beaux Villages de France », vaut à lui seul une visite. Mais si vous aimez les beaux jardins, ne vous contentez pas de ses ruelles fleuries. Visitez aussi les Jardins Henri le Sidaner, qui affichent le label « Jardin remarquable » depuis 2013. Je l’ai découvert à l’automne dernier et je l’ai adoré autant pour son esprit à l’italienne que pour l’âme des lieux. Car c’est bien l’âme du peintre qu’on rencontre ici…
Ses sujets préférés ? Les tables, le crépuscule, les tables au crépuscule, l’intimité d’un coin de jardin, les tables au jardin. Rien que des tables au jardin, il en a peint environ quatre cents !
Oui, oui, je vais vous parler des Jardins Henri le Sidaner puisque c’est pour cela que vous êtes ici. Mais avant cela, je vais vous raconter un peu le peintre et l’homme, tel que l’a évoqué pour moi Dominique le Sidaner. Car j’ai eu la chance, en effet, d’être reçue par l’épouse du petit-fils de l’artiste. Une personne charmante et nordiste d’origine, puisque née dans le Béthunois.
Le voici, Henri le Sidaner. En buste, au milieu de sa famille, dans son atelier.
Mais aussi dans son jardin, toujours en buste, pas loin de celui de son épouse.
Si vous aimez la peinture, vous le connaissez forcément ! Ami de Rodin, Monet, Manet et bien d’autres, Henri le Sidaner a connu, de son vivant, tous les succès. Aujourd’hui encore, il est exposé par une centaine de grands musées dans le monde. Son style ? Post-impressionniste et intimiste, dit-on. Ses sujets préférés? Les tables, le crépuscule, les tables au crépuscule, l’intimité d’un coin de jardin, les tables au jardin. Rien que des tables au jardin, il en a peint environ quatre cents ! Poésie, douceur, délicatesse… Jugez vous-mêmes.
Après une enfance à Dunkerque, des années aux Beaux-Arts de Paris et des années étaploises, il arrive à Gerberoy en 1901 et y achète sa maison trois ans plus tard. C’est Rodin qui lui conseille le Beauvaisis pour l’achat d’une maison de campagne, excusez du peu !
Fou de jardins, Henri le Sidaner s’est investi dans le fleurissement de Gerberoy, minuscule village de moins de 100 âmes à son arrivée. C’est lui qui a demandé à tous les propriétaires de planter un rosier de part et d’autre de sa porte d’entrée. Beaucoup se sont exécutés, ajoutant ensuite hortensias, glycines, iris ou lierre. Et créant le joyeux fouillis végétal qu’on connaît encore aujourd’hui.
Mais son envie de jardin, c’est dans cette résidence d’été (sa résidence principale est à Versailles) que le peintre l’exprime le mieux. Au fil des ans, il achète les terrains derrière la maison et aménage un jardin à l’italienne, inspiré par ses voyages à Florence ou aux îles Borromées.
On y trouve ainsi des terrasses, des bancs, des statues, des vasques…
Il y a même un Temple de l’amour, réplique de celui du Petit Trianon de Versailles ! En son centre, une statue inspirée de « L’Enfant au poisson » de Verrochio, dont l’original est au Palazzo Vecchio de Florence.
Sinon, les Jardins Henri le Sidaner sont constitués de trois jardins monochromes qui se déploient après l’accueil, installé dans l’ancienne serre où le peintre-jardinier réalisait ses boutures.
Ancien verger, le jardin blanc est le premier de ces jardins réalisés par le peintre pour sa propre inspiration. Tout un univers de blanc, avec ses rosiers, ses hortensias, ses tulipes, ses oeillets mignardises, ses buis centenaires. Des trois, je crois bien que c’est mon préféré.
Le jardin rouge et rose, c’est celui de la roseraie. Lors de mon passage, en septembre dernier, il ne restait pas grand-chose des roses, forcément !
Mais j’imagine la symphonie colorée et parfumée que cela doit être plus tôt dans la saison. C’est le peintre lui-même qui a planté toute cette collection de rosiers, autour de son petit atelier d’été. Si romantique…
Quant au troisième, c’est le jardin jaune et bleu, aménagé autour du Temple de l’amour. Grande diversité botanique ici, entre clématite, chèvrefeuille, rosiers jaunes, glycine, oranger du Mexique…
Ce qui m’a le plus touchée dans ce petit paradis ? L’impression de venir en visite chez le peintre.
Me dire que ces rosiers centenaires, ces buis, ces fougères ont été plantés par sa main. Que cet atelier, où Dominique le Sidaner m’a invitée à entrer (normalement, il n’est ouvert qu’aux groupes, pas aux individuels), reprendra vie quand l’artiste sera de retour à Gerberoy.
Et, privilège rare, j’ai également pu traverser la maison, elle aussi restée dans son jus. Tout ou presque comme le peintre l’a laissé. Pas question bien sûr de faire des photos. Juste regarder autour de moi, intensément, m’imprégner au maximum de l’atmosphère des lieux et la ranger, soigneusement, dans ma mémoire…
Quel joli métier que le mien !
Les Jardins Henri le Sidaner en pratique
7 rue Henri Le Sidaner, Gerberoy.
Ouvert du 1er mai au 30 septembre, tous les jours sauf le mercredi, de 11 h à 18 h.
Entrée : adultes 6 €, gratuit – 12 ans.
L’atelier se visite seulement en visite guidée, pour les groupes.
Chiens acceptés s’ils sont tenus en laisse.
Tél. 06 59 09 36 77.
www.lesjardinshenrilesidaner.com
La visite m’a été offerte par Oise Tourisme
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10 Commentaire(s)
Waouh !!!! ça donne envie ! merci Anne !
Tu aimes la peinture et les jardins, je crois. Alors c’est pour toi !
Superbe promenade à Gerberoy. Ma prochaine destination! Et belle évocation du peintre Le Sidaner dont les murmures semblent nous parvenir à travers les feuillages…
Merci pour ce commentaire plein de poésie. Et excellente promenade à Gerberoy… Si vous cherchez une table pour le déjeuner ou un endroit pour prendre le thé, pensez au Jardin des ifs, également à Gerberoy… Une autre visite pour les amateurs de jardins.
Il est vrai que vous avez un beau métier, non seulement vous découvrez ces endroits insolites mais vous les faites découvrir aux autres ! Un. grand MERCI !
Découvrir, s’enthousiasmer, écrire, photographier, partager… le plus joli métier en effet ! Merci Claire de votre fidélité
Un grand merci, bien chère Anne pour cette très belle explication des Jardins.
Je vous attends pour un déjeuner à Gerberoy au cours de l’été.
Envyez-moi votre adresse pour vous faire parvenir une invitation à un évènement !
Très belle journée.
Je reviendrai avec grand plaisir à Gerberoy !
Bonjour, au décès de Henri Le Sidaner, qui occupait la maison de Gerberoy depuis tout ce temps avant la restauration des jardins en 2008 ? Restée privée par ses 2 fils Rémy sans enfants ? Louis ayant un fils Etienne, lui même ayant 9 enfants ? Qui est Yann Farinaux-Le Sidaner (pourquoi ce double nom par rapport à Etienne Le Sidaner? )le seul à l’initiative à faire sortir de l’ombre le génie de ce peintre dont j’ignorais l’existence avant ce jour lors de la projection d’un documentaire de 2016 par la Royale Académie des Arts de Londres ? (peindre un jardin moderne, de Monet à Matisse) – D’autant, étant allée à Gerberoy en 1988, ce nom, cette famille n’a pas eu d’échos lors de ma visite ? Pourquoi, enfants et petits enfants du peintre n’ont pas fait émerger tout cela plus tôt ? Merci de m’éclairer à ce sujet- Coudray Michèle
Bonjour Michèle Je vais sans doute vous décevoir mais je suis incapable de répondre à toutes vos questions. Je me suis contentée de faire la visite de ce beau jardin et de le raconter sur Plus au nord. Vous devriez contacter le jardin pour tenter d’avoir les réponses que vous cherchez. Bonne chance !