Si vous êtes, comme moi, fan de la côte belge, vous connaissez certainement le musée Paul Delvaux, à Saint-Idesbald. Cette ancienne maison de pêcheur, devenue musée, accueille la plus grande collection d’œuvres du peintre belge, classé parmi les surréalistes. Même bien doté, ce charmant musée n’abrite toutefois pas l’ensemble des tableaux et dessins de l’artiste. Pour en découvrir plus, direction Liège et l’exposition « Les Mondes de Paul Delvaux », ouverte jusqu’en mars 2025 à la Boverie. Voici (au moins) 5 raisons de la découvrir…
Avant d’atteindre sa maturité artistique, le peintre belge n’a cessé de se nourrir au contact de ses aînés et de ses contemporains. Et c’est la longue série de ces inspirations que retrace aussi l’expo « Les Mondes de Paul Delvaux ».
1. Parce que « Les Mondes de Paul Delvaux » est une rétrospective complète
Proposée à l’occasion du 100ème anniversaire du surréalisme, l’exposition « Les Mondes de Paul Delvaux » permet de survoler l’ensemble de l’œuvre du peintre belge. C’est une rétrospective complète, qui rassemble plus de 150 œuvres et objets, notamment sa toute première huile, Jeune fille à la fenêtre, peinte sur un panneau de chêne, en 1920.
Elle présente aussi sa toute dernière huile, Calypso, un grand format datant de 1986, alors que l’artiste est âgé de presque 90 ans.
Au total, une petite vingtaine de collectionneurs, de galeries et d’institutions ont prêté des œuvres, dont certaines n’avaient pas été montrées depuis longtemps. Autant dire que « Les Mondes de Paul Delvaux » est un événement, même pour les habitués du musée de Saint-Idesbald.
2. Parce que Paul Delvaux apparaît au fil de ses Mondes
Artiste plutôt solitaire, Delvaux n’a guère goûté la vie bruxelloise, préférant sa vie tranquille et appliquée à Saint-Idesbald puis à Furnes, où il a fini ses jours. J’ai donc apprécié la série de grandes photos du peintre, notamment dans son atelier, qui rythment l’expo « Les Mondes de Paul Delvaux ».
Des clichés en noir et blanc mais aussi des portraits réalisés par Andy Warhol ! C’est en 1981, à Bruxelles, que le maître du Pop Art rencontre Delvaux et lui consacre dix sérigraphies très colorées. Une preuve, s’il en fallait, de la renommée internationale du peintre belge, seul à avoir eu cet honneur !
3. Parce que « Les Mondes de Paul Delvaux » montre les multiples inspirations du peintre
Avant d’atteindre sa maturité artistique, l’artiste belge n’a cessé de se nourrir au contact de ses aînés et de ses contemporains. Et c’est la longue série de ces inspirations que retrace aussi l’expo « Les Mondes de Paul Delvaux ».
Au fil des cimaises, ses œuvres sont ainsi placées en regard d’autres, signées de plusieurs grands noms de l’art, mettant à jour parentés ou divergences plus ou moins évidentes.
Après sa rencontre avec Modigliani, il s’inspire ainsi des visages étirés, des nez droits et des yeux en amande du peintre italien et assume pleinement la nudité de ses personnages.
Quand le peintre donne dans l’Expressionnisme, c’est influencé par son compatriote, l’Ostendais James Ensor. Notamment dans Les Noces à Antheit, où il met en scène son mariage rêvé avec TAM (pour Ton Anne-Marie), son amour de jeunesse, qu’il finira par épouser en 1952. Les visages sont fermés, figés, ressemblant presque aux masques du baron Ensor.
Et ce, même si La Mort et les masques de James Ensor, présenté juste à côté, montre tout de même des différences entre les deux artistes. Car là où Delvaux se contente d’une simple caricature, l’Ostendais se laisse aller à une critique acerbe de la société bourgeoise et son hypocrisie.
Magritte et Delvaux. Les deux artistes ont souvent été exposés ensemble, considérés comme les deux représentants du surréalisme belge.
La découverte de l’univers de Magritte a produit un véritable déclic chez Delvaux, qui s’en est nourri pour renouveler son approche picturale.
4. Parce que dans « Les Mondes de Paul Delvaux », il y a « ses » femmes…
Squelettes, temples gréco-romains, monuments néoclassiques mais aussi miroirs, divers sujets reviennent de manière obsessionnelle dans « Les Mondes de Paul Delvaux ».
Parmi ces thèmes chers au peintre, la femme devient le sujet principal de nombreux tableaux, dès le milieu des années 30.
Des femmes souvent dévêtues, allongées et/ou endormies, le regard clos, vide ou absent.
Impudeur ? Soumission ? Femmes-objets ? Ou plutôt femmes merveilleuses, célébrées par le peintre et éclairant la toile de leur lumière ?
La plupart de ces femmes sont entourées d’éléments iconographiques inattendus, au centre de combinaisons aussi insolites que poétiques. Paul Delvaux invente son propre surréalisme et crée son monde personnel, sans logique mais plein de mystère.
5. … Et aussi beaucoup de trains et de trams
À l’âge de 82 ans, Paul Delvaux est nommé chef de gare d’honneur de la gare d’Ottignies – Louvain-la-Neuve. Un simple titre honorifique ? Oh que non ! Plutôt un grand bonheur pour celui qui a cultivé pendant toute sa vie une véritable passion pour les trains et aussi les trams.
Lui est-elle venue au temps de l’enfance, où le chemin de fer lui permettait d’aller sur la côte belge avec ses parents ? Le train, comme le tram, étaient-ils synonymes de vacances à Ostende ? Ou étaient-ils juste un moyen de rêver et de s’enfuir ?
Gares et trains sont en tout cas omniprésents dans son univers intime, dans cet ailleurs à la fois familier et mystérieux.
Et quand ils se mêlent à des figures de femmes dévêtues et comme absentes, on plonge alors totalement dans ce surréalisme typiquement delvalien.
Même dans son Hommage à Jules Verne, Paul Delvaux a réussi à glisser le toit d’une gare… C’est dire !
« Les Mondes de Paul Delvaux » en pratique
Exposition ouverte jusqu’au 16 mars 2025, au musée de la Boverie, parc de la Boverie 3, 4020 Liège.
Entrée 18 €, sauf le mercredi avec un tarif de 10 €. Jeunes 6/25 ans 12 €. Gratuit – 6 ans. Pack famille (2 adultes, 2 jeunes) 54 €.
Ouvert du mardi au dimanche, de 10 h à 18 h. Fermé le lundi.
www.expo-pauldelvaux.com
Sur place, on peut déjeuner ou goûter chez Madame Boverie, une charmante cafétéria à la fois en intérieur et en extérieur.
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