Comme vous le savez maintenant, Plus au nord arpente pour vous les Hauts-de-France, la Belgique et au-delà… Alors, quand arrive une invitation de l’Office polonais du tourisme pour un voyage autour de la Baltique, que dit-on ? Eh bien, on dit tak. C’est à dire oui. Oui, une fois de temps en temps, Plus au nord ira explorer des contrées plus lointaines.
Cap donc sur la Poméranie et Gdansk… au nord de la Pologne. Avec, pour commencer, le musée Solidarnosc, créé en 2014. Carrément passionnant !
Et c’est un homme originaire de Pologne, un homme en blanc, qui a apporté le souffle et le courage nécessaires à des ouvriers qui réussiront ce que les intellectuels n’ont peut-être même pas tenté…
Vous souvenez-vous de l’été 1980 ? Moi oui ! Nous étions en vacances, en famille, en Normandie ou en Bretagne, je ne sais plus trop. Ce dont je me souviens parfaitement, c’est le feuilleton Solidarnosc, tous les jours, à l’heure des infos. J’étais alors étudiante en journalisme à Strasbourg. Et ces premiers soubresauts démocratiques aux chantiers navals de Gdansk m’intéressaient grandement.
Mais pas autant que mon père, journaliste lui aussi et surtout d’origine polonaise. Il avait immédiatement mesuré la portée historique de ce mouvement, conduit par un certain Lech Walesa. Un séisme. La fin d’un monde.
C’est cette passionnante page d’histoire que raconte l’ECS (Centre européen Solidarnosc), un mastodonte de 26 000 m2, dont 3000 m2 sont consacrés à l’expo permanente.
Ce musée Solidarnosc, ouvert en août 2014, a été inauguré 34 ans exactement après la signature des accords de Gdansk, reconnaissant le premier syndicat libre d’Europe de l’est.
Un musée certes mais pas ennuyeux pour un sou ! Mais plutôt une page d’histoire racontée en un lieu. Avec moult vidéos, souvenirs, photos, objets, extraits de textes. Le tout dans un bâtiment aéré, bien conçu, contemporain et plutôt esthétique.
Dès l’entrée, occupant tout un mur, LA photo symbole par excellence. Celle de Lech Walesa signant, le 13 août 1980, les accords de Gdansk.
Avec un monumental stylo, dont l’original est à Czestochowa mais dont une reproduction, taille XXL, trône en face de la librairie-boutique.
Et pour ceux qui n’ont pas mon âge avancé :), le musée Solidarnosc replace les événements de 1980 dans leur contexte historique et politique. C’est à dire dans la continuité d’une série de grèves et de révoltes (en 1956, 1968, 1970). Tour à tour, elles avaient déjà remis en cause le régime communiste en place.
Ainsi, juste avant Noël 1970, l’augmentation du prix de la viande met le feu aux poudres. Et conduit à l’incendie des locaux du Parti communiste. La riposte est cinglante : 18 salariés fusillés et plus de 100 personnes arrêtées…
Au sommet de l’état, on fait mine de s’aimer d’amour tendre entre « grand » et « petit » frères du bloc de l’est. Mais dans la réalité, il en allait tout autrement et le peuple polonais, libre et fier, a soif de liberté, de démocratie et de justice sociale.
Et c’est un homme originaire de Pologne, un homme en blanc, qui apportera le souffle et le courage nécessaires à des ouvriers qui réussiront ce que les intellectuels n’ont peut-être même pas tenté. Je veux parler du pape Jean-Paul II bien sûr.
De tous les objets présentés par le musée Solidarnosc, ce sont sans doute ces panneaux de bois qui sont les plus symboliques et qui donnent le plus le frisson. Les panneaux originaux d’août 1980, apposés sur les grilles des chantiers navals et comportant les 21 revendications portées pendant la grève.
Très fortes aussi, les images de la signature des accords de Gdansk. Lech Walesa qui tire sur sa cigarette tout en arrachant les dernières concessions au Premier ministre. Puis la foule en liesse de ses (nombreux) collègues, qui le portent en héros aux cris de « Merci, merci ! ».
Mais il y a plein d’autres choses à voir et à découvrir au musée Solidarnosc. La palme d’or pour L’Homme de fer à Andrzej Wajda. La reconstitution du (glaçant) bureau des services secrets. L’annonce à la télé de la loi martiale par le (très discutable) général Jaruzelski. Et la camionnette utilisée pour les arrestations après cette annonce. Le chaud et le glacial. L’espoir et la répression.
Nous avons passé environ deux heures sur place et c’était largement insuffisant ! J’ai bien envie de revenir, en famille, arpenter encore ce passionnant musée. Qui m’a donné l’impression de sauter à pieds joints dans l’Histoire, une histoire récente que nous avons été nombreux à vivre, une oreille collée au transistor.
Et si vos pas vous mènent à Gdansk, sachez que cette passionnante visite du musée Solidarnosc vaut une petite journée sur place, d’autant qu’on peut faire une pause, à l’heure du déjeuner, dans un café sympa.
Avant de partir, nous avons pris l’ascenseur, dans lequel on aurait bien pu croiser Lech Walesa, qui a ses bureaux, au cinquième étage si je me souviens bien.
Mais notre guide qui, mine de rien, avait l’air de connaître l’ancien ouvrier devenu président, savait qu’il n’était pas à Gdansk, au moment de notre séjour. Ça sert d’avoir des relations…
Donc nous nous sommes contentés de monter au sixième, sur le toit terrasse, qui offre une vue panoramique sur les chantiers navals voisins. Là où tout a commencé…
Le musée Solidarnosc en pratique
ECS (Europejski Centrum Solidarnosci), pl. Solidarnosci 1, Gdansk Pologne
De mai à septembre, ouvert du lundi au vendredi de 10 h à 19 h et le WE de 10 h à 20 h.
D’octobre à avril, ouvert du lundi au vendredi (fermé le mardi) de 10 h à 17 h et le WE de 10 h à 18 h.
Entrée 20 Zlotys (environ 4,50 €).
www.ecs.gda.pl (site en anglais)
J’ai été invitée par l’Office polonais du tourisme, l’Institut polonais et la compagnie aérienne nationale polonaise LOT.
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6 Commentaire(s)
Passionnant! Les aventures de Plus au Nord à l’étranger sont décidément tout aussi captivantes… On en veut toujours Plus!!
Concernant la Pologne, il y en aura d’autres ! Merci, merci.
Bravo! Article, comme à l’accoutumée, alerte et vivant donnant réellement envie d’aller visiter les lieux décrits.
Serdeczne gratulacje autorce z pochodzenia polskiego (czwarte pokolenie), która tak trafnie i pięknie opisuje o dziejach z historii Polski.
Merci pour ce commentaire… en français. Car je ne maîtrise pas (encore ?) le polonais, pourtant langue de mes ancêtres…
Super, nous allons y aller . Nous sommes passionnés d histoire et quand nous rentrons dans un musée , nous sommes étonnés quand on regarde l heure de la sortie quelques fois nous sommes encore entrain de regarder et nous sommes priés de sortir car c’est l heure de fermeture .
Il y a de quoi y passer une petite journée, d’autant qu’il y a un chouette café sur place, où on peut déjeuner. Bonne visite !